Le Bulgare restera comme le premier Européen à avoir rejoint la NBA sans passer par la case NCAA. Une erreur de casting qui montre bien la méconnaissance totale à cette époque du basket international de la part de la NBA.

Par Didier LE CORRE

La juste appréciation du niveau des joueurs européens a longtemps été une science inexacte de la part des dirigeants NBA. Si elle s’est quelque peu améliorée, il fut un temps où les équipes américaines naviguaient totalement à vue, perdues dans un contexte dont les nuances leur apparaissaient comme un invraisemblable casse-tête. Il en est ainsi de l’arrivée de l’anonyme Bulgare Georgi Glouchkov aux Phoenix Suns, le premier joueur qui n’est pas passé par le système de formation universitaire.
Ce choix baltringue et assez surréaliste trouve son origine lors du championnat d’Europe 1985, disputé en Allemagne. Dick Percudani, scout des Suns, qui avait auparavant coaché trois saisons en Europe, entre la Suisse et l’Italie, tomba raide dingue de Glouchkov, pivot de 2,05 m d’une équipe bulgare qui parvint à se hisser en quarts-de-finale de la compétition. Son fait d’arme ? Avoir gêné physiquement Arvydas Sabonis, tout en inscrivant 17 points face à l’URSS, et donc être labellisé NBA compatible pour lutter dans les raquettes américaines. Sauf que de ce côté-ci de l’Europe, tout puissant et solide qu’il était, notre Bulgare était bien loin du niveau des meilleurs intérieurs du Vieux Continent, y compris de la doublette française formée de Stéphane Ostrowski et Philip Szanyiel…
Mais voilà. L’histoire était en marche. Elle fut savoureuse. “The Balkan Banger” fut retenu au septième tour de la draft suivante, en n°148, et signé dans la foulée. Enthousiasmé par leur trouvaille, les Suns rédigèrent même un press-kit personnel pour le Bulgare lors de l’avant-saison, un petit guide comprenant notamment… un résumé de l’histoire de la Bulgarie et une liste de mots et d’expression bulgares pour ceux qui auraient eu l’idée de faire leurs courses au marché de Plovdiv ou de Veliko Tarnovo ! On ne sait jamais.

Il se gave de fast-food

Entre autres problèmes, notre bon Georgi ne parlait pas anglais et dû être constamment accompagné d’un traducteur. Il succomba aussi aux pièges de la malbouffe américaine, se gavant de fast-food. Des rumeurs laissèrent aussi entendre qu’il s’était laissé aller à consommer des stéroïdes, alors que bien entendu personne, sauf un inconnu Bulgare, n’y touchait en NBA. Utilisé en poste 4 au lieu de sa place de pivot habituelle, Glouchkov ne put bien sûr pas répondre aux attentes de son club. Utilisé 16 minutes en moyenne, le Bulgare rendit une copie moyenne à 4,9 points et 3,3 rebonds.
Libéré à la fin de saison, Glouchkov rejoint alors l’Italie, où il servit de chair à canon pour le bombardier brésilien Oscar Schmidt. Pendant les quatre ans où il porta le maillot de la Juve Caserta, il cumula en moyenne 10 points et 10 rebonds, dans l’ombre du flamboyant Oscar qui, lui, aligna une fiche annuelle de 38 points de moyenne et de 35 d’évaluation ! Les Suns s’étaient semble-t-il trompé de bonhomme…

Article extrait du numéro 17 de Basket Le Mag