En moins d’un an, la SIG Strasbourg a changé son président, son entraîneur, son identité visuelle, et accueilli un renfort atypique en la personne de Matt Pokora comme actionnaire et directeur artistique. Après des années sur une pente descendante, Strasbourg veut désormais rebondir.

DOSSIER RÉALISÉ PAR YANN CASSEVILLE, A STRASBOURG. PHOTOS : PHILIPPE GIGON ET STEVEN GEORGE

SIG STRASBOURG Mascotte

SIG STRASBOURG. Nouvelle identité visuelle, nouveau logo, nouvelle mascotte.

Quand Dominic Artis déclenche l’ultime tir, les six mille spectateurs du Rhénus braquent leurs regards sur la balle. A cet instant précis, parmi les supporters, Matt Pokora n’est plus le célèbre artiste, il est simplement l’un d’eux. En ouverture de la saison, Strasbourg et Chalon sont à égalité, 80 partout, lorsque la balle transperce le filet. Buzzer beater. Le plus renommé des fans de la SIG Strasbourg exulte, déboule sur le parquet. Extatique.

SIG STRASBOURG Matt Pokora

La joie de Matt Pokora alors que la SIG l’emporte au buzzer beater lors du match contre l’Élan Chalon.

« Dans ma réaction, il y a déjà celle du Strasbourgeois, amoureux de sa ville et de son club, celle d’un des actionnaires majoritaires, celle du directeur artistique… Il y a tout !», sourit le chanteur quelques semaines plus tard. « Et il y avait beaucoup de pression pour la première, un tel succès vient couronner le tout. » Ce soir-là, la SIG Strasbourg débutait en fanfare ce qu’elle appelle sa « nouvelle ère ».

TROIS PRÉSIDENTS EN QUELQUES MOIS

Au printemps dernier, le club alsacien, 11ème, a manqué le train des playoffs pour la première fois depuis 2012. La greffe Massimo Cancellieri n’a jamais pris. « On avait une masse salariale en baisse, et la saison n’était pas si mauvaise », plaide Nicola Alberani, le directeur sportif, eu égard au contexte : « On a eu trois coaches et trois présidents en douze mois ».

Lorsque Martial Bellon, auteur d’un travail colossal durant treize ans, laisse la présidence en juin 2023, deux clans s’opposent. Se divisent. Parmi les seize membres du conseil de surveillance, huit soutiennent un candidat, huit le deuxième. Grâce à la voix du président du conseil, c’est Olivier Klotz qui succède a Bellon… avant de démissionner des octobre 2023.

Apres une nouvelle élection, Christophe Lasvigne prend la suite, avec quinze voix pour et une abstention. « On a estimé que j’étais peut-être la personne capable de fédérer les deux parties, et même ceux qui ne se parlaient plus ont dit : OK, on s’est trompé, maintenant on avance. »

SIG STRASBOURG le président Christophe Lasvigne

Christophe Lasvigne, le président de la SIG Strasbourg depuis octobre 2023

Lasvigne, chef d’entreprise officiant dans le vin – cela ne se s’invente pas –, commence par dresser un constat honnête : « Il suffit de regarder les résultats et budgets pour voir que depuis le Covid, le club est sur une pente descendante – dont j’espère que le point le plus bas était la fin de saison dernière. » Une pente due à « plein de facteurs différents », dont l’un se dégage toutefois : aréna. Un mot qui a longtemps fait rêver, puis tourner les têtes.

Transformer le Rhénus en une enceinte moderne de 8 000 places ? La première note de Martial Bellon sur la question remonte au… 5 janvier 2015. L’ouverture fut espérée en 2020, puis 2022, puis 2024. La pandémie et surtout nombre de problèmes, juridiques, institutionnels, financiers, ont grêlé le projet.

SIG STRASBOURG Rhenus

Le Rhenus équipé d’un nouvel éclairage sous la direction artistique de Matt Pokora.

Au fil des années, le sujet a-t-il pris trop de place, de temps et de réflexion, freinant l’avancée du club ? « Poser la question est y répondre. J’adhère complètement », acquiesce Lasvigne. « À un moment, la réponse à toutes les questions était : on le fera quand on aura l’aréna. Ce qui avait du sens à partir du moment où on croyait tellement au projet. Mais les échecs successifs ont impacté le club. »

Notamment financièrement avec beaucoup d’argent dépensé en vain, en tout cas ni dans la masse salariale ni dans l’existant. « Cet été, on a plus investi dans la salle que sur les cinq dernières années », estime le président.

Qui toutefois ne tire pas une croix sur l’aréna : « C’est le meilleur projet pour le club. Je me suis énormément impliqué, dans les pas de Martial, j’ai peut-être commis les mêmes erreurs. Neuf mois après, force est de constater que le projet n’est pas signé, mais c’est toujours en cours et je continue à me battre. »

SIG STRASBOURG les jeunes

Ilian Piétrus JR. 19 ans, Maxence Lemoine 17 ans, Jahel Trefle 16 ans. L’option “jeunes” dans le recrutement de la SIG.

DESSERT ET LA CARTE JEUNES

« Il y a eu différents projets dans ce club mais aujourd’hui, tout le monde est fédéré derrière un seul », reprend le président. « On sent que le club est plus stable », assure Alberani, présent depuis 2020. « Pour moi, c’est une cinquième saison qui a le goût d’une première. Avec Matt Pokora, Christophe Lasvigne, ils ont remis l’église au milieu du village.

Et l’église, c’est l’équipe, ce qui n’était pas le cas avant. » Sans coupe d’Europe, le recrutement s’avérait piégeux. La BCL était prête à inviter la SIG, fidèle de la compétition depuis sa création en 2016, mais celle-ci s’est vue opposer le nouveau règlement de la LNB, interdisant l’Europe aux clubs non-qualifiés en playoffs. « Tout le monde dit bravo Paris, bravo Bourg, et c’est vrai, mais ces deux clubs ont bénéficié d’une wild-card pour l’Eurocup, et on a vu l’impact positif. Ceux qui ont l’envie, la structure, les moyens, il faut pousser !», déplore Alberani.

SIG STRASBOURG Coach Laurent Vila

Laurent Vila, le coach de la SIG Strasbourg

Qui a toutefois réussi de jolis coups, la SIG Strasbourg alignant le cinquième budget du championnat (7,1 M€). « Et avoir Laurent Vila comme coach nous a aidé à attirer des joueurs », précise le directeur sportif. La prise de Brice Dessert, pivot de 22 ans calibré pour le très haut niveau – « Il a l’envie et l’éthique de travail pour aspirer à la NBA », estime Alberani –, symbolise la carte jeunes abattue par le club.

SIG STRASBOURG Maxence Lemoine

Maxence Lemoine. Arrière. 1,87m. Né le 19 juin 2007.

Après cinq journées, la SIG Strasbourg était l’équipe qui offrait le plus grand terrain d’expression aux joueurs de moins de 22 ans : 20 % des minutes. Derrière Dessert, la SIG a fait parapher deux premiers contrats pros à deux produits maison, Illan Piétrus (19 ans) et Maxence Lemoine (17 ans, voir son portrait dans les pages suivantes), tandis que Jahel Trefle (16 ans) a connu sa première apparition dans l’élite en octobre.

SIG STRASBOURG Ilian Piétrus

Ilian Piétrus JR. Arrière. 1,87m. Né le 20 juin 2005.

« La SIG est un centre de formation plutôt reconnu, qui a sorti de bons joueurs… mais qui ne signaient pas forcément chez nous ensuite », constate Lasvigne. « On veut donner la chance aux gamins qui sont là », insiste Alberani.

“À UN MOMENT, LA RÉPONSE À TOUTES LES QUESTIONS ÉTAIT : ON LE FERA QUAND ON AURA L’ARENA. CE QUI AVAIT DU SENS À PARTIR DU MOMENT OÙ ON CROYAIT TELLEMENT AU PROJET. MAIS LES ÉCHECS SUCCESSIFS ONT IMPACTÉ LE CLUB.” Christophe Lasvigne

 

MATT POKORA, LE FACILITATEUR

Désireuse d’être un club « à 360 degrés, qui doit être un acteur majeur du territoire et jouer sur tous les tableaux », dixit Lasvigne, la SIG a créé un fonds de dotation. La soirée de lancement, à l’automne, a réuni plus de 400 personnes. Au menu : dîner, présentation d’équipe, showcase de Matt Pokora. Au final : 100 000 € récoltés dédiés au fonds.

« Si on veut voir le club grandir, on ne peut pas vivre uniquement du basket », intervient Franklin Tellier. Ce Lorrain de 42 ans, fidèle de la SIG depuis plus de vingt ans, a gravi les échelons : lui qui a commencé comme bénévole est désormais directeur des opérations, et illustre la nouvelle direction du club. « Avec quinze matches par saison au Rhénus, la salle est vide 99 % du temps, mais on peut organiser d’autres événements », reprend celui qui est par ailleurs doctorant en biophysique.

SIG STRASBOURG Franklin Tellier

Franklin Tellier, le directeur des opérations de la SIG STRASBOURG.

« Cette saison, on va organiser trois matches de hand, on s’est positionné sur du futstal, du MMA… » L’idée : oser, se diversifier. Un dynamisme incarné par Matt Pokora. Entré au capital en novembre 2023 avec un apport de 300 000 €, le natif de Strasbourg est « un atout majeur », décrit Lasvigne. « Un facilitateur », enchaîne Tellier.

La seule présence de l’artiste déclenche un pouvoir de séduction, auprès des fans – « L’an dernier, quand il annonce sa venue pour le premier match, on a vendu 1 000 places en deux heures », confie Tellier –, des sponsors et même des collectivités.

SIG STRASBOURG Hugo Invernizzi

Hugo-Invernizzi. Ailier fort. 1,98m. Né le 7 janvier 1993.

L’intéressé a débarqué avec son image, mais surtout son envie : s’intronisant directeur artistique, il aspire, fort de ses vingt années à faire danser les foules, à relooker la SIG et à renforcer la fan expérience (voir son interview en pages suivantes).

« Il aimerait faire à Strasbourg ce que Max Guazzini a fait au Stade Français et au rugby de façon générale, ce sont ses mots », relate Christophe Lasvigne. « Il a une expertise du show, qu’il sait produire de A à Z, avec le côté économique. Ce n’est pas un doux rêveur, il a les pieds sur terre. »

LA MEILLEURE AFFLUENCE ?

Sa première décision fut de changer les lumières du Rhénus. Ont suivi des danseurs, un logo, une ligne de vêtements… « La boutique prend une place phénoménale. Personne dans le basket français ne vend autant de produits que nous », assure Franklin Tellier. « Et pour la fan expérience, on n’a pas tout révolutionné, mais c’est une somme de plein de choses qui font qu’aujourd’hui, on propose un vrai show lumineux, une présentation d’équipe comme on en voit en NBA. »

La saison écoulée, malgré le morne visage de l’équipe, le Rhénus affichait la troisième affluence du championnat (5 341 spectateurs, 86 % de remplissage), derrière Nancy et l’ASVEL.

 

“MATT POKORA AIMERAIT FAIRE À STRASBOURG CE QUE MAX GUAZZINI A FAIT AU STADE FRANÇAIS ET AU RUGBY DE FAÇON GÉNÉRALE.” Christophe Lasvigne

 

« Et depuis le 1er janvier 2024, on est la meilleure affluence », affirme le président. « Cette saison, on bat le record d’abonnés. Il y a un effet Matt. » Au même moment, en cet après-midi du 4 octobre, le téléphone portable de Franklin Tellier vibre.

Message de Pokora, à quelques heures de la réception du Mans : « Il veut un point billetterie pour savoir s’il doit relancer sur ses réseaux ». L’homme qui a remporté seize NRJ Music Awards, un record, s’est lancé un nouveau défi : faire briller et vibrer le Rhénus comme jamais. Et avec une nouvelle direction, une nouvelle vision et un nouveau coach, c’est tout un club qui veut croire en sa nouvelle ère.

SIG STRASBOURG Matt Pokora DA de la SIG

Matt Pokora. Un poste sur mesure. La direction artistique de la SIG STRASBOURG.

MATT POKORA “RENDRE LE BASKET FRANÇAIS PLUS SEXY”

Avant de devenir l’artiste aux plus de cinq millions de disques vendus, il était un gamin de Strasbourg qui assistait aux matches de la SIG avec son père. A 39 ans, le voici directeur artistique du club, un poste qu’il a créé sur mesure.

QU’EST-CE QUI VOUS A AMENÉ AU BASKET FRANÇAIS : LA NBA, DONT VOUS ÊTES FAN, OU VOTRE AMITIÉ AVEC TONY PARKER ?

Les deux. Je suis passionné de basket depuis toujours, j’ai d’abord été piqué par la NBA, parce que c’est ce qui se voit le plus, c’est le plus attractif pour un gamin, avec les logos, les highlights. C’est ce qui m’a donné envie de me lancer dans cette aventure avec la SIG, cette envie de rendre le basket français plus sexy.

Il n’y a pas de petit détail quand on veut grandir et faire les choses à l’américaine, dans le show, l’entertainment. Quand on voit un match là-bas, il y a ce sentiment de : « Même si on perd, on a passé un bon moment en famille ».

LE BASKET FRANÇAIS N’EST PAS SEXY ?

Ce que je trouve dommage – mais qui est en train de changer –, c’est le côté champêtre qui ne correspond pas du tout aux codes du basket ni des basketteurs. La musique qu’ils écoutent, c’est plutôt de la musique urbaine, du hip-hop.

Ils entendent toute la soirée des trucs qui ne sont pas leurs codes. Le but n’est pas de tout chambouler, mais d’intégrer les codes de la nouvelle génération. Or aujourd’hui, c’est la musique urbaine qui berce les gamins.

On a besoin d’aller chercher cette nouvelle génération, sinon quand ma génération et la précédente partiront, qui viendra remplir les salles ? D’autant que pendant ce temps, la NBA est à portée de téléphone pour tous les gamins.

D’OÙ LA NOUVELLE IDENTITÉ VISUELLE DE LA SIG ?

Dans ma génération, quand on était gamin, on achetait des maillots des Ducks d’Anaheim, avec le canard, la crosse de hockey. Pourtant on n’a jamais vu un match des Ducks, mais c’était stylé, le logo était cool, on avait envie de porter ça.

Avec la SIG, j’aimerais que les gens se disent : « C’est cool d’avoir un sweat ou un t-shirt avec ce logo ». Qui est plus identifiable que l’ancien. En Alsace, on s’identifie à la cigogne, c’est en nous. Quand ils viennent, il faut que les gens pensent : « On a compris qui vous êtes, c’est très identifiable ». C’est tout bête, mais j’ai fait refaire l’entrée des locaux, on a posé des logos en LED, pour créer un univers SIG.

Quand on va au Cirque du Soleil, les artistes qu’on retrouve sur scène se baladent dans les coulisses en amont, on rentre dans leur univers. Quand les gens viennent au Rhénus, j’ai envie que ce soit rouge, qu’on voit notre logo partout, que les gens se disent : « C’est l’univers SIG ».

À L’ÈRE DU SPORT-BUSINESS, VOTRE DISCOURS SE COMPREND, MAIS A PLONGER DANS L’AMÉRICANISATION, NE RISQUE-T-ON PAS DE PERDRE SON IDENTITÉ ?

Non, le but est de dire qu’il faut aussi qu’on soit en accord avec les codes de la jeunesse. Aussi, mais pas que. Pendant les matches, on passe également des sons des années 2000 ou d’avant. Mais on ne peut pas oublier la nouvelle génération. Se dire : on va saupoudrer de choses que vous avez l’habitude de voir dans vos algorithmes, vos applications, pour que vous vous sentiez bien sur votre siège.

VOUS ÊTES LE DIRECTEUR ARTISTIQUE DE LA SIG STRASBOURG…

(Il coupe) Je ne sais pas si le job existait dans le basket. Peut-être que je viens de le lancer ? Je suis là pour ça, pour bouger les lignes. Je suis très content que la ligue aussi soit en lien direct avec nous, pour tester des choses, me demander pour l’hymne, ou ci, ou ça.

Chacun son métier, et c’est bien qu’ils se tournent vers des gens qui ont l’habitude de faire des shows. Je sais comment prendre un public pendant deux heures et lui faire vivre l’ascenseur émotionnel, comment créer un spectacle, des moments d’émotions, de partage.

“JE SUIS TRÈS CONTENT QUE LA LIGUE ME DEMANDE DES CHOSES POUR L’HYMNE, OU CI, OU ÇA. CHACUN SON MÉTIER, ET C’EST BIEN QU’ILS SE TOURNENT VERS DES GENS QUI ONT L’HABITUDE DE FAIRE DES SHOWS.”

QUEL TEMPS CONSACREZ-VOUS A LA SIG ?

C’est énorme, ça ne se compte pas. Je n’arrête pas, c’est un suivi : comment optimiser ? Donner encore plus envie ? On n’a pas de droits TV, on a trois sources de revenus : billetterie, sponsors, merchandising. Billetterie, il faut que la salle soit pleine et que les gens s’éclatent. Sponsors, quand ils voient le dynamisme, ça leur donne envie de nous accompagner.

Merchandising, proposer des choses qu’on a envie de porter et qui ne donnent pas l’impression d’être ringard, ça aide. Tout ça, c’est pour faire grandir le club, mais aussi propager cela sur les autres clubs.

CETTE RÉFLEXION VIENT DE VOS VINGT ANNÉES DE CARRIÈRE A SILLONNER LES SALLES DE FRANCE ?

De tout ce que je vois, même dans les universités aux États-Unis. Pour les survêtements des joueurs, je suis allé choisir les tenues, positionner les logos. Tout ça encore pour que le jeune, qui voit nos joueurs passer devant lui ou sur sa story, se dise : « Ils sont lookés ». Et les joueurs eux-mêmes sont contents. Je leur ai dit : « À vous d’être les meilleurs sur le terrain, et moi mon but est que vous soyez les plus beaux ».

Le but est de séduire des gens pour qu’ils s’éclatent le soir. Le sport et la musique sont des divertissements, oui, mais aussi des business. Pour proposer la meilleure équipe sur le terrain, il faut plus de budget.

VOUS RÊVEZ D’UNE FINALE SIG STRASBOURG-ASVEL POUR DÉFIER TONY PARKER ?

Et le battre sur un buzzer beater au match 5 par exemple ! Tony en a assez gagné… (Il rit). Lui et moi, c’est comme si on était de la même famille.

Il serait déçu sur le coup, mais très heureux pour moi. Ça a été le premier à m’envoyer un message après notre victoire au premier match : « Super content que l’aventure commence comme ça ». Il a participé à mon engagement auprès de la SIG. On sert la même cause : faire avancer le basket français et notre championnat.

Maxence Lemoine

Maxence Lemoine. Le rookie prometteur de la SIG.

MAXENCE LEMOINE LA RÉVÉLATION DE LA SIG STRASBOURG

A 17 ans, le plus jeune joueur de Betclic Élite effectue des débuts très prometteurs à la SIG. Un talent offensif à suivre de près.

En ce vendredi d’octobre, à quelques heures d’accueillir Le Mans au Rhénus, Nicola Alberani, le directeur sportif de Strasbourg, nous glisse une petite phrase : « Ce soir, vous allez voir Maxence ». Pour cause, le meneur titulaire Edon Maxhuni blessé, Maxence Lemoine aura une carte à jouer. Et le soir venu, on a vu.

Dans la défaite des siens (88-95), le meneur gaucher a bénéficié de 14 minutes. Le temps d’aligner 7 points, de rater des actions (2/6 aux tirs), et surtout d’oser en créer, par son agressivité, ses dribbles croisés, son step-back à la Élie Okobo, son joueur favori. Deux semaines plus tôt, pour l’ouverture de la saison contre Chalon-sur-Saône, Lemoine avait brillé en espoirs (25 points) avant de réussir avec les pros une entrée bluffante de maturité (6 points en 11 minutes).

D’autant plus pour lui qui, né le 19 juin 2007, est le plus jeune joueur ayant paraphé un contrat pro en Betclic Élite, un cadeau d’anniversaire signé le jour de ses 17 ans. « Quand on a fait ce contrat de trois ans, des personnes nous ont dit que c’était trop tôt. Mais si on avait voulu le faire aujourd’hui, ça serait déjà trop tard !», rit Alberani. Natif d’Auxerre, dribblant sur les parquets depuis ses 3 ans à La Charité-sur-Loire, passé par le Pôle Espoirs de Voiron, Lemoine a rejoint la SIG en 2022, où il fut rapidement responsabilisé en U18 sous l’égide d’Abdel Loucif.

La saison écoulée, a 16 ans, il s’est classé 14e scoreur (15,5 points en 29 minutes) du championnat espoir, ou évoluaient des garçons nés quatre ans plus tôt. A son compteur, une pointe à 38 points dans une courte défaite à Paris. Cet été, même si la campagne des U17 a la Coupe du monde n’a pas connu la fin escomptée (9e), il fut le 2e scoreur bleuet (10,4 points en 22 minutes) derrière Hugo Yimga (Pôle France).

“IL EST ARROGANT DANS LE BON SENS DU TERME. IL N’A PEUR DE RIEN.” Nicola Alberani

 

« Il a des qualités d’attaque en tant que meneur créateur mais aussi scoreur », nous décrivait Laurent Vila en avant-saison. Après cinq journées, l’entraîneur accordait en moyenne 10 minutes à l’adolescent. Les dirigeants de la SIG – qui ont bâti autour de Lemoine comme d’Illan Piétrus un encadrement particulier, délocalisant cours scolaires et même le coiffeur au Rhénus – soulignent le mental de leur protégé.

« Sa force, c’est qu’il est convaincu d’être déjà un joueur de Pro A, il se sent appartenir à ce monde-là. Il est arrogant dans le bon sens du terme », explique Alberani. « Mentalement, il est vraiment mature, il n’a pas 17 ans. Et chaque fois qu’on lui présente un challenge, il le relève. Il n’a peur de rien. »

 

Extrait du numéro 90 de Basket Le Mag (novembre 2024)

Retrouvez l’intégralité des articles dans le numéro 90

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