DES PLANS GRÂCE À CO’MET

Depuis avril qu’Orléans Loiret Basket a inauguré sa nouvelle arena, CO’Met (10 000 places), l’affluence, qui était inférieure à 2 500 au Palais des Sports, tutoie désormais les 7 000 de moyenne. Un formidable engouement. Le club, aujourd’hui en Pro B mais visant l’élite, travaille pour surfer sur cette dynamique.

DOSSIER RÉALISÉ PAR YANN CASSEVILLE, A ORLÉANS

PHOTOS : LUDOVIC LAMA / PAAGE CRÉATION-OLB

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Match de l’équipe de France de basket contre la Lituanie à CO’Met

La dame au long manteau, une quinquagénaire, est intriguée. Alors qu’elle se rapproche de la salle de l’Orléans Loiret Basket, elle voit le public affluer sur le parvis, en ce dimanche après-midi de novembre, plus d’une heure avant le début du match contre Nantes.

« Je n’en reviens pas… », souffle cette supportrice de l’OLB à ses amis. « Quand le club était au Palais des Sports, en Pro A, il ne le remplissait même pas. Et maintenant, en Pro B, il y a toujours 5 000 personnes. » Et même plus : aujourd’hui, ils seront 6 291 à soutenir l’équipe locale.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Vue aérienne de l’arena CO’Met à Orléans

Qui, en entrant dans sa nouvelle enceinte, CO’Met, a changé de dimension. Après les victoires, d’ordinaire, Germain Castano aime à filer en coulisses, laissant ses joueurs savourer quelques minutes sur le parquet avec leurs fans. « Mais maintenant, parfois, j’ai envie de rester pour profiter un peu.

L’atmosphère est tellement incroyable, je ne suis pas un coach qui peut banaliser ces moments-là. C’est magique. Et c’est magique à chaque fois », insiste-t-il. « Cette salle nous donne une énergie de fou, à la fin, quand ça pousse. Et nous, on joue pour ça », enchaîne le meneur Ludovic Beyhurst, le dernier arrivé. « Ce qui me surprend, c’est que je me rappelle quand je jouais contre Orléans dans l’autre salle, où l’ambiance était moyenne. Là, il se passe quelque chose. Il se passe vraiment quelque chose. »

9 530 SPECTATEURS, NOUVEAU RECORD EN PRO B

L’engouement est à la hauteur de l’attente. Entre le moment ou le projet fut pensé avant de se muer en équipement livré, «il s’est écoulé quasiment vingt ans », calcule Olivier Rouet, le président du club. Qui, sur le papier, pour l’inauguration de CO’Met, le 1er avril dernier, aurait évidemment préféré un autre contexte que celui d’une équipe reléguée en Pro B.

« Certains prédisaient qu’on allait se ramasser. On a tout entendu : vous ne remplissez même pas le Palais, c’est ridicule… Mais on y croyait, avec l’audace d’être un club résident. » Et le 1er avril, non content de battre le record d’affluence en deuxième division (6 000spectateurs à Nancy et Limoges), l’OLB l’a pulvérisé : 9 503 personnes ont assisté à la victoire de l’hôte contre Angers.

ORLÉANS DES PLANS GRÂCE À CO’MET

Olivier Rouet, président d’Orléans Loiret Basket.

« Ce soir-là, tu te prends une bonne grosse claque dans la gueule », résume Castano. Rouet, lui, repensa au moment où le club disputait l’Euroleague au Zénith. « Ce qu’on a aujourd’hui, cela vient de l’histoire du club longue de trente ans, de la région qui est une terre de basket. C’est cet héritage.»

Si cette soirée d’inauguration fut «la démonstration que c’était possible », restait « le plus dur », dixit le président : confirmer. J’espère qu’on en a bien profité, parce que ce n’est pas près d’arriver à nouveau », se disait Castano. « Je pensais qu’ensuite, on allait revenir à 4 000 (la salle propose une jauge intermédiaire à 5 000). Mais le match d’après, c’était reparti. »

ORLÉANS DES PLANS GRÂCE À CO’MET

Germain Castano, le coach d’Orléans Loiret Basket.

A CO’Met, au printemps, les fans se multiplient, et les victoires avec. Six d’affilée dans ce nouvel écrin. « Cette salle nous a transcendés, elle a donné un supplément d’âme. Je l’affirme : sans CO’Met, on n’aurait pas fait les playoffs. Sûr et certain », martèle l’entraîneur. Ici, bien sûr, ce n’est pas Belgrade ni Le Pirée, mais on sent que le public, connaisseur, n’attend qu’une étincelle pour chauffer sérieusement.

L’acoustique de la salle est extraordinaire, le toit est assez bas, donc on ressent l’ambiance. Le son quand le public gronde est indescriptible », témoigne Florent Thibault, le responsable billetterie du club. Ce dernier, le 25 mai, fut un témoin privilégié de la ferveur déclenchée par CO’Met. Ce soir-là, l’OLB, victorieux de la belle de son quart de finale à Lille, avait gagné sa place pour les demi-finales.

ORLÉANS DES PLANS GRÂCE À CO’MET

La salle CO’Met en effusion avec les supporters.

« Il est 23h, on remonte dans le bus, j’avais mon ordinateur avec moi, j’ouvre la billetterie pour la réception de Champagne Basket en demi. Le lendemain, 8h, la salle était déjà remplie à 50 %. Et toute la journée, le téléphone n’a pas arrêté de sonner. On le reposait, ça sonnait, tout le temps. Incroyable ! Et le soir-même, il n’y avait plus de place. » Face au Champagne Basket, l’OLB voit son épopée 2022-23 prendre fin, mais les 9 530 supporters– nouveau record en Pro B –, scandant « Ici, c’est Orléans », ont fait passer un message : CO’Met vient seulement de s’élancer.

TARIFS ACCESSIBLES, ABONNEMENTS DOUBLÉS

En moyenne, les sept rencontres à CO’Met au printemps 2023 ont accueilli 7 000 spectateurs, quand ils étaient moins de 2 500 au Palais des Sports. « À l’intersaison, cet été, on avait un peu d’appréhension : est-ce que le soufflé va retomber ? Et on a été assez vite rassuré », savoure Olivier Rouet.

A l’automne, pour les deux rencontres de Leaders Cup, d’habitude considérées un peu partout comme des matches de préparation désertés par les foules, l’affluence moyenne frôle les 4 500 personnes. Et pour la première journée de championnat, un dimanche après-midi contre Pau – « C’est traditionnellement beaucoup plus compliqué pour nous de remplir un dimanche plutôt qu’un samedi soir », précise Thibault –, elle grimpe à 6 500.

ORLÉANS DES PLANS GRÂCE À CO’MET

Stefan Smith, le leader offensif de l’Orléans Loiret Basket

Pour entretenir et surfer sur cette dynamique, l’OLB applique une politique tarifaire volontariste avec un positionnement clair : « Que le prix ne soit pas un obstacle », explique le président. « Grosso modo, la fourchette va de 6 €dans la couronne haute à 49 € en courtside, c’est très attractif », continue le responsable billetterie, qui propose quatre axes d’offres : clubs, familles, étudiants, grand public. Et ça marche.

« On a quasiment près de 400 étudiants à chaque match », indique-t-il. « C’est une cible que l’on n’arrivait pas à toucher au Palais, alors que là, CO’Met est à dix minutes en tram de la fac. Eléments non-négligeables : la nouvelle salle séduit pour sa facilité d’accès, de stationnement, et sa qualité d’accueil.

« Tout est conçu pour pouvoir proposer un bon spectacle », poursuit Thibault. « Désormais, les gens viennent en famille, en amis, c’est pour eux une fierté, c’est un rendez-vous inscrit dans l’agenda », commente Rouet. Chiffres à l’appui : le nombre de billets achetés par personne a progressé de 2,4 à 4,1.

ORLÉANS DES PLANS GRÂCE À CO’MET

Les abonnés grand-public ont doublé, de 300 à 600. Et en comptant les VIP, partenaires, le total a bondi de 600 abonnés à 1 500. « En fin de saison dernière, c’était le lieu où il fallait être, la nouveauté. Passé ce temps-là, il faut arriver à fidéliser, et les premiers signaux envoyés sont plutôt bons », observe Florent Thibault. Le phénomène d’appropriation d’une salle par un territoire est en cours.

“CERTAINS PRÉDISAIENT QU’ON ALLAIT SE RAMASSER. ON A TOUT ENTENDU : VOUS NE REMPLISSEZ MEME PAS LE PALAIS, C’EST RIDICULE… MAIS ON Y CROYAIT, AVEC L’AUDACE D’ETRE UN CLUB RÉSIDENT.” Olivier Rouet

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Match OLB contre Pau à CO’Met.

CALIBRÉ POUR L’ÉLITE

Au-delà de la billetterie grand public, CO’Met ouvre aussi des possibilités nouvelles en termes de business avec les partenaires. « En nombre de places à valeur ajoutée, on est passé de 400 au Palais des Sports à 1 500-1 600 », indique Olivier Rouet. « Avant, quand on était complet au Palais, on n’était pas en capacité d’accueillir un partenaire qui souhaitait faire venir 50 invités.

Dorénavant, nos partenaires peuvent faire des événements, un lancement de produit, inviter des collaborateurs, pour terminer par un match de basket dans les meilleures conditions. Ça change tout !» Le président évalue à « trois ans, peut-être cinq », les délais raisonnables pour « faire changer le modèle économique du club ».

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Il est évident que celui-ci, vice-champion de France 2009, ayant déjà passé quatorze années dans l’élite (2006-17 et 2019-22), évoluant désormais dans la plus grande salle de LNB (l’ASVEL dispute seulement l’Euroleague dans la LDLC Arena), au sein d’une ville de 115 000 habitants, sans la concurrence du foot ou du rugby, est calibré, sur le papier, pour s’établir à terme parmi les places fortes du basket français.

En termes d’infrastructures, on est même au-dessus de la Betclic Élite. Le club, le nombre de salariés, ils sont prêts, ils ont vécu des années en première division », rappelle Germain Castano. « Mais ce qui nous fera franchir un échelon supplémentaire, parce que la ville, qui soutient le club, a évidemment ses limites, c’est qu’un jour, un ou deux gros sponsors qui croient en ce club arrivent.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Parce qu’il y a de l’ambition, tout ce qu’il faut. » En termes de budget, avec 4,1 M€, l’OLB se classe 3e en Pro B (derrière Pau et Antibes), et dans l’élite devancerait seulement Le Portel et Saint-Quentin. Avant de se rêver en grand de France, le club doit déjà retrouver l’élite. « Avec cette salle, il faut monter : j’entends ça toutes les semaines.

Effectivement, ça donne un élan, mais il faut qu’on gagne des matches, et il y a toujours les aléas, blessures, etc. », calme Castano. « On est convaincu qu’à un moment, si le travail est bienfait, si on progresse tous les ans, on finira par remonter. Mais on ne peut pas garantir quand, ce serait mentir, aux gens et à soi-même », intervient le président.

LA BONNE ANNÉE ?

Après sept journées, l’OLB (6-1) était co-leader avec Vichy. Avec deux arrières étrangers dans le Top 10 des marqueurs (Stefan Smith et Kahlil Dukes), des visages référencés de la division (Ludovic Negrobar, Lorenzo Thirouard-Samson), les bonnes pioches Petit Niang et Ludovic Beyhurst, le coach dispose d’un effectif solide de 10 pros.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Petit Niang

« C’est un groupe très plaisant à coacher, et l’équipe est très équilibrée, complémentaire. » Mais cette saison, celle du passage de la Betclic Élite de18 à 16, un seul ticket d’accession sera décerné, pour le vainqueur des playoffs. Aussi le club s’est-il donné pour premier objectif de figurer dans le Top 4, et plus haut si affinités, souhaitant disposer de l’avantage du terrain le plus longtemps possible.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Ludovic Beyhurst

Pour « que continue la dynamique CO’Met, qui peut influencer le cours des choses en play-offs », dit Olivier Rouet. Castano se projette : « Le coach qui vivra une montée à CO’Met, je ne sais pas si ce sera moi, je l’espère de tout cœur, mais quoi qu’il en soit, je l’envie. Ce sera magique. Parce que si on joue les premiers rôles, je sais que les Orléanais vont répondre présents. »

Ils le prouvent depuis plus de six mois déjà. « Dans la salle, les gens viennent, tu as l’impression d’entendre : nous, on est là, allez, faites-vous plaisir et on va vous encourager. » Oui, décidément, «il se passe un truc », apprécie le coach. « Tu sens qu’il se passe un truc. »

ENTRETIEN :

SERGE GROUARD, Maire d’Orléans, Président d’Orléans Métropole.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Orleans Loiret Basket OLB CO'Met

“AVEC L’ARENA, LE BASKET BOUILLONNE À ORLÉANS !”

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

A droite : Serge Grouard, Maire d’Orléans, Président d’Orléans Métropole

Fer de lance du projet CO’Met depuis de longues années, l’édile de la ville explique comment l’arrivée de l’Arena a bouleversé positivement le quotidien et les perspectives pour l’OLB.

L’Arena d’Orléans, inaugurée en janvier 2023, a suscité un nouvel engouement pour le basket, et particulièrement pour Orléans Loiret Basket (OLB), le club résident. C’est le constat que vous faites ?

Oui, complètement. On constate cet engouement avec des jauges qui ne cessent d’augmenter d’un match sur l’autre dans une ambiance de folie. Chaque match de l’OLB dans ce chaudron de l’Arena a CO’Met est une fête qui rassemble entre 6 000 à 10 000 spectateurs, selon l’affiche, qui encouragent avec ferveur notre équipe.

On se croirait en NBA nous disent aujourd’hui les spectateurs qui aiment ce spectacle à l’américaine ! Entre l’ouverture de l’Arena le 7 janvier et le 9 août, nous avons enregistré pas moins de 120 000spectateurs venus pour assister à un match ! Et forcément, ça a un effet très positif sur le parquet : nos joueurs, co-leaders de ProB, sont en pleine forme et dans une belle dynamique de victoires.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

La salle CO’Met pleine à craquer.

Quel plaisir de renouer avec nos ambitions professionnelles, pour les joueurs et le staff d’abord, bien sûr. Mais nous gardons la tête froide. Pour cette saison 2023-2024, l’objectif du club est de terminer le championnat dans les quatre premières places du classement afin de jouer ensuite les « playoffs » à domicile.

S’il est impossible d’affirmer que l’objectif sera atteint, une chose est sure néanmoins : portés par leurs supporters, dans une salle qui vibre à chaque point marqué, les joueurs de l’OLB feront tout pour atteindre cet objectif sur le terrain. Et ils le démontrent depuis le début de la saison en mouillant le maillot.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

L’Arena a accueilli l’équipe de France de basket et d’autres équipes nationales également. Cette salle est faite pour le sport de haut niveau visiblement.

Oui, toutes nos équipes nationales s’y sentent manifestement bien et nous le disent. Donc, elles reviennent ! Avec sa jauge de 10 000 places, qui en fait la troisième plus grande salle de France après Bercy (Paris) et la LDLC Arena de Lyon, l’Arena d’Orléans est parfaite pour accueillir le sport de très haut niveau, national comme international.

“LES BLEUS ONT APPRÉCIÉ CO’MET ET REVIENDRONT A ORLÉANS, LES 19 ET 21 JUILLET 2024, UNE SEMAINE AVANT LES JO, POUR PEAUFINER LEUR PRÉPARATION. ON S’EN RÉJOUIT.”

 

Les équipes de France de handball puis de volley-ball sont venues jouer et elles ont beaucoup apprécié l’ambiance et le confort comme la modernité des infrastructures proposées. En aout dernier, l’équipe de France de basket y a préparé en partie sa Coupe du Monde avec deux matches amicaux, contre le Venezuela et la Lituanie.

Pour ce deuxième match, 10 500 spectateurs étaient présents pour pousser notre équipe dans une ambiance bouillonnante. Les Bleus ont apprécié et reviendront d’ailleurs à Orléans, les 19 et 21 juillet 2024, une semaine avant les Jeux Olympiques, pour peaufiner leur préparation. On s’en réjouit à l’avance.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

L’année 2024 sera donc sportive à Orléans ?

Une très belle année s’annonce sur le plan sportif pour Orléans qui est aujourd’hui une terre de sport, référencée comme cela au niveau national. Il y a la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris bien sûr, et notre ville positionnée comme une base pour la préparation des équipes.

La flamme olympique passera également par Orléans, le mercredi 10 juillet 2024, et cela donnera lieu, sans aucun doute, à une très belle fête, pleine d’émotions. Dans un autre registre sportif, nous avons le bonheur et le privilège d’accueillir le départ de la 10e étape du Tour de France, le 9 juillet prochain. Là encore, la ville est fière de recevoir l’élite du cyclisme mondial et tous les Orléanais attendent cette étape de la Grande Boucle avec beaucoup d’impatience déjà.

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Ville d’Orléans, la place du Martroi. Photo crédit : Orléans Métropole

C’est une très belle occasion pour nous de montrer également la beauté de notre ville et ses richesses patrimoniales. Et puis, je n’oublie pas le sport amateur qui est très dynamique à Orléans et qui occupe une place importante dans notre ville, avec quelque 26 000 licenciés, et 200 associations sportives. Pour conclure, je ferai miens les cris des supporters de l’OLB à chaque match : « ici ; ici, c’est Or-lé-ans ! »

Orléans Loiret Basket OLB CO'Met

Extrait du numéro 80 de Basket Le Mag (décembre 2023)

Retrouvez l’intégralité des articles dans le numéro 80

Commander ce numéro

Consultez nos offres d’abonnement

Je m'abonne !

Restez informé grâce à notre Newsletter