Ensemble, ils ont été formés, ont gagné des médailles en équipe de France. Aujourd’hui, à 30 ans, Antoine Diot et Edwin Jackson, les deux amis d’enfance, sont réunis à l’ASVEL. Entretien croisé.

 

Propos recueillis par Yann Casseville, à Villeurbanne

 

Ils se sont rencontrés vers 12 ans. Lors de tournois benjamins, d’affrontements entre la sélection de l’Ain et celle du Rhône, ils ont livré d’épiquels duels, avant de devenir coéquipiers : au sein du pôle du Lyonnais, puis à l’INSEP (2004-07), dans les équipes de France de jeunes. Ils ont même connu leur première sélection en sénior le même jour (5 août 2009). L’un, Edwin Jackson, fut élu MVP français de Pro A en 2013, l’autre, Antoine Diot, en 2014. Ces dernières années, chacun avait poursuivi sa route à l’étranger, et ils ont souvent croisé le fer en Espagne. Le 28 juin dernier, Jackson est revenu dans son club de cœur, l’ASVEL, s’engageant pour quatre ans. Deux semaines plus tard, Diot l’a rejoint, avec un contrat de trois ans. Les deux amis sont réunis. Belle histoire, mais elle va au-delà : ils sont ici pour gagner.

 

L’histoire raconte qu’à l’INSEP, vous avez fait un pacte pour vous dire que vous joueriez ensemble, un jour, dans le monde professionnel. Il y a une part de romance, de légende ?

Antoine Diot : De romance, oui, de légende, non. On ne s’était pas entaillé la main, ce n’était pas un pacte de sang, mais on aimait tellement jouer ensemble qu’on s’était dit qu’il fallait qu’on le fasse au niveau professionnel. C’était une idée de jeunes, un peu comme un rêve, mais là ça se réalise.

Edwin Jackson : Ce sont des circonstances aussi. Peut-être qu’à la base, on avait prévu de le faire plus tard dans notre carrière. Là, c’est encore sur du très haut niveau, c’est ça qui est intéressant. Moi, quand j’ai su qu’il pouvait éventuellement signer ici, j’étais super content.

Diot : Je me souviens du coup de fil quand je t’ai dit que j’avais signé – bien évidemment, il le savait déjà ! Il m’a tout de suite dit : «Tous les jours, j’avais envie de t’appeler pour te dire signe, signe, signe ! Mais je ne voulais pas, parce que je voulais que tu prennes la meilleure décision pour ta carrière, je me suis mis en retrait.»

Jackson : Notre amitié est tellement forte, je n’avais pas envie de pouvoir être une influence, de forcer une situation. Sa dernière année à Valence, avec la blessure, c’était compliqué, je ne savais pas ce que l’ASVEL lui proposait en termes de rôle, donc je voulais qu’il prenne sa décision tout seul. Je voulais le meilleur pour lui, que ce soit ici ou ailleurs.

Avec le temps, les événéments de la vie, les carrières, les caractères qui peuvent changer, vous ne vous êtes jamais véritablement éloignés ?

Jackson : On a ce genre d’amitié qui fait qu’on n’a pas besoin de tout le temps s’appeler. On a été éloigné par la distance, mais on a vécu des choses tellement fortes que dès qu’on se retrouve, on clique automatiquement. On avait tous les deux nos vies, nos situations professionnelles, familiales, mais on ne se perd jamais vraiment de vue.

Diot : On a beau ne pas se parler, imaginons pendant quatre ans, si on se retrouve, ça va être comme si on ne s’était jamais quitté. Notre amitié est comme ça. On n’a pas besoin de s’appeler en permanence mais on sait que s’il y avait une galère, à n’importe quel moment, on peut compter l’un sur l’autre.

Jackson : Et je ne pense pas que les gens changent fondamentalement de caractère. On a passé beaucoup de temps ensemble quand on se forgeait en tant qu’hommes, à l’adolescence, on était en chambre ensemble. Aujourd’hui, oui, on est devenu des hommes, mais les mêmes trucs sur lesquels on pouvait rigoler avant, le caractère en général, tout ça, c’est toujours là. Il y a des choses qui changent, bien sûr, mais la personne…

Diot (il coupe) : Le fond, il ne change pas.

Sur le terrain, vous pouvez jouer ensemble les yeux fermés ?

Diot: Tu as des automatismes. Par exemple, quand je prends un rebond, je sais qu’Edwin sera toujours devant, donc je jette toujours un petit coup d’oeil. On l’a vu plusieurs fois cette année, je fais des longues passes parce que je sais qu’il est là-bas et souvent plus rapide que son adversaire.

Jackson: Et moi, je fais l’effort de la course parce que je sais qu’il va lever la tête et regarder. Et quand je drive, je sais les spots où il est susceptible d’être pour avoir un shoot ouvert. Il y a plein de petits trucs comme ça. Même en défense, quand on doit changer de joueurs, la communication va être verbale avec certains joueurs, mais pas entre nous, c’est plus… (Il claque des doigts)

Diot: C’est difficile à expliquer, c’est un feeling. Dans les yeux, tu le sais.

Dans ce fameux pacte, vous imaginiez plutôt vous retrouver en fin de carrière. Pour vous qui avez connu l’Espagne, votre retour en France pourrait être perçu comme une baisse de niveau. Le grand projet de l’ASVEL et la place en Euroleague changent la donne ? 

Diot : Très clairement. On a 30 ans tous les deux. Oui, on s’inscrit dans un projet à long terme ici, parce que ça nous parle, mais tous les deux – et je parle pour les deux sans même le consulter –, si on a une opportunité intéressante ailleurs, on y réfléchira. On ne vient pas ici en tant que retraités pour faire part de notre expérience. On a encore des choses à prouver et on veut prouver des choses.

Jackson : Et puis ce truc du haut niveau… On joue la même compétition qu’avant, l’Euroleague ! Et on critique souvent le championnat de France, mais il y a plein de championnats qui sont mauvais. Le Žalgiris (en Lituanie), leur championnat n’est pas bon. En Grèce, à part quatre équipes, le championnat est très faible.

Diot : Israël aussi.

Jackson : Oui, il y a plein de championnats qui ne sont pas bons !….

L’intégralité de l’interview est à retrouver dans le

numéro 37 de Basket Le Mag

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