FABRICE GOLL : “50 000 TÉLÉSPECTATEURS DE MOYENNE, C’EST CONSIDÉRABLE !”

Le basket est aujourd’hui le sport le plus diffusé sur les antennes régionales de France 3.

France Télévisions offre ainsi une fenêtre en clair à la LNB. Une opportunité que les clubs, et le basket tricolore dans son ensemble, doivent mesurer, et saisir, insiste Fabrice Goll, Directeur délégué aux sports de France 3 Régions.

Fabrice Goll, Directeur délégué aux sports de France 3 Régions.

Quand France 3, via ses antennes régionales, a-t-il décidé de s’investir dans le basket français ?

La genèse de l’histoire, c’est la nouvelle politique sport du réseau régional France 3, qui remonte à janvier 2021, avec une forte impulsion donnée aux directs sportifs les week-ends sur les antennes régionales. Dans ce cadre, le premier match de bas ket diffusé sur le réseau a été Blois-Quimper, Pro B, en janvier 2021. Ensuite, 1er mai 2021, premier match de l’élite, Bourg-en-Bresse face au Portel. On avait produit à l’époque quelques matches, mais pas plus. Ce qui a changé, c’est à partir d’octobre 2021. Il n’y avait alors pas de diffuseur pour la Betclic Élite, et l’impulsion est partie de là. On a commencé petit à petit. Le deal, c’était un match par mois. Et on a vu que ça montait en audience ; que les clubs, la ligue, étaient satisfaits car cela offrait de la visibilité et que la production était de qualité. Au total, alors qu’on avait diffusé 5 matches de Betclic Élite sur l’année 2021, on est passé à 25 en 2022. Ajoutez à cela 7 de Pro B, 4 de Ligue Féminine, 1 de 3×3, et au total, 37 matches de basket ont été diffusés sur France 3 en 2022. Et en 2023, ce sera sans doute plus.

Quelles sont les audiences ?

Depuis le début de la saison 2022-23, on est sur une audience moyenne de 50 000 téléspectateurs, et une audience cumulée (le nombre de personnes qui regardent à un moment du match, mais pas en intégralité) de 200 000. C’est considérable ! Il n’y a pas une seule chaîne ou plateforme payante qui peut réaliser ces audiences-là.

D’autant que les matches, en plus d’être diffusés en TNT dans les régions concernées par l’affiche, sont accessibles partout via les box Internet ?

Exactement. Si on prend par exemple un match entre Le Portel et Strasbourg, il sera diffusé uniquement dans le Nord et l’Alsace en TNT, mais sur le numérique, avec les box, tout le monde peut y avoir accès. Mais aussi sur France.tv. De plus en plus de personnes uti- lisent la box, cela ne fait qu’augmenter, c’est une habitude qui se crée. Cette puissance d’audience, cette visibilité, c’est ce qui nous distingue. L’autre chose, c’est la diversité des clubs que l’on diffuse.

C’est-à-dire ?

On ne fait pas uniquement l’ASVEL, Monaco et Wembanyama. En 2022, les 32 matches LNB diffusés sur France 3 ont concerné 24 clubs. Nous avons produit des matches à Nancy, Gravelines, Le Portel, Nanterre, Boulazac, Châlons-Reims, Blois, Cholet… Le club qu’on a le plus diffusé en 2022, c’est Strasbourg, six fois. Ce n’est pas forcément le club numéro 1, mais il fait partie de ceux qui incarnent un ter-ritoire. En janvier dernier, on a diffusé Blois- Pau, pas une affiche de haut de tableau mais un match avec de l’enjeu pour le maintien. Les derbys nous intéressent aussi, parce qu’il y a une rivalité régionale ; Gravelines-Le Portel vu par 160 000 téléspectateurs, ASVEL-Bourg

“POURQUOI LE BASKET FRANÇAIS N’AVAIT PLUS DE DIFFUSEUR ? PARCE QUE ÇA NE GÉNÈRE PAS ASSEZ D’AUDIENCE AU NIVEAU NATIONAL. EN REVANCHE, IL Y A DES FANS EN RÉGION. LOCALEMENT LES AUDIENCES SONT TRÈS CORRECTES.”

 

 

La chaîne est accessible sur le canal 3 de la TNT, ainsi que sur les box internet des principaux fournisseurs d’accès. Elle est disponible en direct, et en replay avec les box.

(150 000), c’est formidable pour nous. En Normandie, il n’y a pas de club de Betclic Élite, mais nous donnons de la visibilité à Évreux en Pro B. Nous sommes les seuls à le faire. Le 12 février, on va diffuser trois matches. Saint- Quentin contre Lille, le derby de Pro B dans le Nord ; Évreux contre Châlons-Reims en Pro B ; Bourg-en-Bresse contre Monaco en Betclic Élite. Trois matches en même temps : il n’y a que France 3 Régions qui peut offrir cela ! BeIN a le premier choix, et propose très souvent l’AS- VEL, Monaco, les Mets. Pour nous, l’important dans notre programmation est d’aller partout.

Qui choisit les matches diffusés, les antennes régionales ?

En général, la direction du réseau fait des propositions aux régions. Nous avons la visibilité sur tous les calendriers, notamment les épreuves que l’on diffuse au niveau national. Par exemple, lorsque l’on a Paris-Roubaix sur France 3 à l’échelle nationale, on ne va pas proposer du basket en régions. Nous faisons attention à l’harmonie des grilles de pro grammes, et nous regardons les affiches intéressantes du basket. Ensuite nous sollicitons la région concernée pour savoir si ça l’intéresse de produire le match parce que cela a un coût. Si la région dit OK, je vois avec la LNB si c’est possible : est-ce que beIN a déjà pris le match ? Est-ce que la salle est disponible ? Exemple : la Pro B joue souvent le ven dredi soir, or on ne peut pas diffuser du basket ce soir-là, donc je demande à décaler le samedi après-midi 15h15, dans notre case sport.

Les clubs jouent le jeu ?

Globalement, oui. On est très bien accueilli dans 90 % des clubs. Cela dit il faut être réa- liste : on ne diffusera jamais tous les matches, tous les week-ends. Ce n’est pas la vocation de France 3, nous ne sommes pas une chaîne de sport, mais nous valorisons les événements sportifs et autres dans les territoires.

Peut-être parce qu’il a connu les diffusions en clair sur France Télévisions à l’échelle nationale dans les années 1990, et que la discipline est riche de centaines de milliers de pratiquants, le basket français – ses clubs, ses fans, ses médias – n’a de cesse de réclamer plus d’expo- sition : n’y a-t-il pas un décalage entre ces at- tentes et la réalité, à savoir la faible popularité du championnat de France à l’échelle nationale ainsi que le coût d’une production TV ?

C’est certain. Une seule question mérite d’être posée : pourquoi le basket français n’avait plus de diffuseur ? Parce que ça ne génère pas assez d’audience au niveau national. En dehors des trois-quatre principales affiches de l’année, cela n’attire pas le grand public. En revanche, il y a des fans en régions. Localement les audiences sont très correctes. Blois-Pau, nous le diffusons en Centre-Val de Loire et en Aquitaine, mais vous n’allez pas proposer ce match sur une chaîne en diffusion gratuite nationale.

Le rêve d’un championnat diffusé chaque semaine en clair, sur une chaîne nationale, qui passionnerait la France…

(Il coupe) C’est un fantasme.

Mais il existe dans le basket…

Chez ceux qui ne veulent pas voir la réalité. Mais il n’y a pas que le basket. À France 3, nous avons diffusé quelques rencontres du championnat de France de volley, et cela n’a pas fonctionné en audience. L’équipe de France au moment des JO, oui, ça marche. Mais un match de championnat, non, pas au niveau national. Le basket, comme le volley ou le hand, ne sont pas des sports très grand public. On peut le regretter mais ce ne sont pas des sports aussi populaires que le football, la F1, le rugby…

Revenons à la notion de coût. France 3 ne verse pas de droits TV à la LNB, mais prend en charge la production des matches diffusés. Cela re- présente un investissement important ?

Certains présidents de clubs n’ont pas conscience des efforts que l’on fait pour le basket français depuis deux ans. Ils ne se rendent pas compte de l’investissement de France 3. Nos journalistes ne sont pas en ca bine chez eux, ils sont sur place. Les images, c’est nous qui les produisons, ce n’est pas un signal que l’on reprend avec des caméras au tomatiques. Chaque match que l’on diffuse, c’est une vingtaine de personnes que l’on déplace, c’est une prestation statistique, deux journalistes sur place plus un consultant, des équipements techniques pour les caméras, une caméra dans le vestiaire, un micro sur l’arbitre, des techniciens pour chaque tâche, le son, la vidéo, les ralentis… C’est un gros boulot, sur l’élite comme sur la Pro B. Produire du sport a un coût, qui est entièrement supporté par les antennes régionales du réseau de France 3. C’est un peu une mission de service public que l’on fait pour le basket.

Et pourquoi ?

On croit en ce sport. Quand on va voir un match, on est captivé. Certaines salles et am biances s’y prêtent mieux, mais globalement, on voit un beau spectacle. On est proche du terrain, l’expérience spectateur est agréable, il y a des rebondissements incroyables. Et dans les villes moyennes de France, quand votre équipe affronte l’ASVEL ou Monaco, c’est l’événement de l’année. À Blois, début février, accueillir les Metropolitans 92 de Victor Wembanyama sera l’événement de l’année, tous sports confondus. Cette proximité, ce lien, nous, on peut le relayer, d’autant qu’on a des équipes sur le terrain toute l’année. Cela va au-delà des directs. À chaque fois qu’on diffuse un match, on en parle avant et après dans les journaux régionaux avec des reportages, des directs, et puis il y a des bandes-annonces, des contenus sur les réseaux sociaux, tout un écosystème positif pour le basket.

PAPE-PHILIPPE AMAGOU, quadruple-champion de France et consultant basket sur France 3.

Comment voyez vous la suite de l’histoire entre France 3 et le basket français ?

Nous, on veut s’inscrire sur la durée. Le basket est le sport numéro 1 sur les antennes régionales de France 3, le plus diffusé, devant le cy clisme – en termes d’audience, le cyclisme est devant, mais on diffuse plus de basket. C’est notre feuilleton hebdomadaire. On a envie de continuer cette histoire, de s’investir, parce que le basket français, c’est l’histoire parallèle du réseau de France 3, c’est la proximité. La question, c’est : est-ce que les acteurs du basket français veulent surfer sur cette dynamique et garder cette visibilité ? Ou préfèrent-ils re- venir à un système où ils recherchent avant tout l’argent des droits TV, quitte à retourner dans une niche en termes d’audience ? Je comprends parfaitement qu’il y ait un autre diffuseur payant pour les grosses affiches, je n’ai aucun souci avec cela. Mais je pense que le basket français ferait une erreur s’il se privait

“EST-CE QUE LES ACTEURS DU BASKET FRANÇAIS VEULENT GARDER CETTE VISIBILITÉ ? OU PRÉFÈRENT-ILS REVENIR À UN SYSTÈME OÙ ILS RECHERCHENT AVANT TOUT L’ARGENT DES DROITS TV, QUITTE À RETOURNER DANS UNE NICHE EN TERMES D’AUDIENCE ?”

d’un partenaire comme France Télévisions. Quand vous voyez la carte des clubs, le basket français associé à France 3 Régions c’est un mariage de raison. Et je pense qu’à la Ligue et chez la majorité des présidents de clubs, ils l’ont bien compris. Pendant des années, le basket français s’est plaint de ne pas avoir de visibilité sur une chaîne gratuite, puissante en termes d’audiences et de capacités de production. Aujourd’hui, il en a une.

Crédits photos : France 3

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Extrait du numéro 71 de Basket Le Mag (février 2023)